Par Arnaud d'Armagnac, Désiré Costaud et Guillaume Gwardeath.

dimanche 26 février 2012

Peak. Rock. Kap.

Mon collègue Désiré Costaud a fait preuve de sagesse en évoquant la « vacuité des coups d'un soir » dans sa dernière contribution à ce blog à six mains (et trois bites). Gentleman avisé, je le rejoins dans son jugement. En quittant la rue Mauriac, vers cinq ou six heures du matin, je trébuchais avec dignité jusqu'à mon domicile, cherchant quelque lieu dissimulé où je pourrais me mettre à l'abri des tentations de la chair, quand à la faveur des travaux en cours près de la place dite Saint-Michel, je décidai de m'enfouir sous une excavation pratiquée à environ un mètre en-dessous du niveau de la chaussée. Assis dans le sable humide, je me mis à relire sur ma tablette iPad un peu des Chants de Maldoror : «  ô grand célibataire, quand tu parcours la solitude solennelle de tes royaumes flegmatiques, tu t’enorgueillis à juste titre de ta magnificence native ».




Lecture toujours : j'ai acheté le numéro « hors série » du magazine Trax consacré au duo bordelais Kap Bambino. Hyper bien, avec des dessins de Cool Jo, et des papiers sur Jean-Louis Costes, The Magnetix, etc.

Mais c'est con, je l'ai oublié dans ma chambre d'hôtel à Oslo et à l'heure qu'il est il a déjà du être recyclé en
 appât pour les saumons, ou en fourrage pour les rennes.



Media blitz : je ressasse et je rabâche, mais j'ai interviewé Caroline de Kap Bambino dans l'optique de préparer un papier pour le numéro de Spirit du mois de mars, et je me suis retrouvé avec ce gros stock de phrases intéressantes. J'ai donc posté ça sur le site Bordeaux Concerts : c'est à lire ici.

Si vous voulez voir des filles à poil, n'oubliez pas de cliquer sur la vidéo de Charlie Le Mindu.

Je pense sincèrement que KapBambino sont de bons représentants du dynamisme, de la créativité, et, osons le dire, du bon esprit de la scène bordelaise.

Kap Bambino sort un nouvel album, intitulé « Devotion ». On en a passé un extrait à l'émission de radio qu'anime Arnaud :



Je ferai bien sûr un saut au concert à Barbey le jeudi 22 mars, et j'espère qu'on se croisera au bar. Je peux d'ailleurs vous inviter, je suis listé +1. On peut se filer rencard juste avant chez moi si vous voulez, j'habite juste à quelques rues de la salle. Par contre, je n'ai pas grand chose dans le frigo en ce moment, ce serait cool de rapporter juste une bière ou deux.

Ah, et au sujet de l'interview, ça m'a titillé quand Caroline a parlé du « groupe noise » d'Orion. OK. Ils viennent de Périgueux, et je me suis dit que je devais carrément connaître. Mais il m'a fallu réfléchir longtemps, façon archéologie dans les profondeurs de ma mémoire tourmentée. Parfois, j'ai l'impression d'avoir le cerveau d'Ozzy Osbourne tellement ça rame.

J'ai d'abord pensé que le gars Orion devait jouer dans Andy's Car Crash, puis je me suis souvenu de cette asso qui s'appelait Adenoïde du côté de Périgueux, et du groupe Anah. Mais oui, Anah. Je crois même les avoir fait jouer à l'Alligator, du temps où j'y programmais des concerts avec La Ligue Hardcore.

Je suis aussitôt parti à la recherche d'un 45 tours d'Anah, en cherchant dans les A de mon bac à rondelles 90's. Je me suis réécouté les Alboth, Alice Donut, et autre Adamczyk Psychologue... mais pas encore mis la main sur la pièce à conviction. Je cherche encore (faut que je me fasse l'étagère des split Eps mais elle est surchargée).





A propos de Cool Jo, cité plus haut : j'ai eu le plaisir de voir qu'il a une expo de programmée à Paris City (France). Alors si vous êtes dans les parages je compte sur vous pour vous rendre au Pied de Biche. J'y suis déjà passé et c'est un bon endroit à checker. La meuf qui tient ça a l'air d'enfer.

Un heureux hasard du calendrier fait que je serai présent lors du vernissage le jeudi 1er mars, alors rendez-vous sur le trottoir rue de Charonne. Vous me reconnaîtrez facilement : j'aurai un gobelet en plastique, je parle un peu comme dans un vieux disque des Fabulous Trobadors, et je possède ma propre petite expo Cool Jo portative. J'espère d'ailleurs que sa cote va rapidement monter, que je puisse me faire empailler.

Post scriptum :

Top 5 des lieux à Bordeaux où filer rencard en mangeant un petit peu :

1 – Sweeney Todd
2 – Viva Las Vegans
3 – Le Saint-Christophe
4 – Le 29 Café
5 – El Boqueron

dimanche 19 février 2012

Le gros pouvoir du rêve de la Bavaria




Il n'y a pas beaucoup de personnages singuliers dans le paysage garage hexagonal – par hexagonal, j'entends "français" mais aussi "pas très carré" – si ce n'est Magique Spencer et son gros pouvoir du rêve, projet déviant d'un gars des Mean Things, fameux combo garage 60's de La Rochelle.


Son premier 45t sorti il y a un peu plus d'un an sur les Disques Flow ressemble à un gros pavé lancé dans la gueule des canards boiteux garageux.


Genre de Guy Lux Interior pour le look et l'accumulation de références pop-culture, tantôt bombe humaine, tantôt coeur d'artichaud, Magique Spencer est le fin limier de la chanson française que l'on attendait plus, celui qui n'a pas peur de ramasser la savonette. Petit extrait :


Condamné à la peine d'Amour j'ai pourtant mis ma main sur la Bible la Bible sur mon sexe quart d'heure américain qui commence au matin pour finir tard le soir par un strip-tease au parloir prends-moi dans tes bras et serre très fort j'veux pas dormir seul au mitard


Musicalement, on nage dans les eaux troubles de l'électro-punk lo-fi qui rencontrerait Michel Jonasz, référence à l'intro hilarante du 45t qui, à elle seule, justifie déjà l'achat du disque.





En concert, Magique Spencer est parfois accompagné par des mecs des Bavarians, punks old-school d'Orléans, auteurs d'un premier 45t sur Pouet! Schallplatten, le label de Papy Wilou (qui tient la distro démoniaque du même nom et où vous pourrez trouver les disques dont on parle).


Punk déglingo épuré jusqu'à la moelle, certes, mais avec la petite étincelle qui fait la différence, les Bavarians chantent eux aussi le français, posant un doigt d'honneur sur des sujets sensibles comme, par exemple, la vacuité des coups d'un soir :


Les plans d'une nuit / Pour moi c'est fini / Je ne coucherai pas sans connaître ton prénom / Je veux une femme et lui donner mon nom


Vaste sujet qui revient souvent sur le tapis quand on discute avec les potes, soit dit en passant. Et si les avis sur la question sont partagés, je pense comme Les Bavarians, faire "papa dans maman", c'est un truc trop important pour laisser ça à la première venue.





Deux 45 tours que je vous recommande chaudement, essentiels pour mieux comprendre les jeunes d'aujourd'hui et leur sexualité.



Super bitos


Un jeune d'aujourd'hui et sa sexualité



lundi 6 février 2012

"C'est un régal" (dixit un mec du public)





En général, j'essaye de pas trop sortir en semaine, j'ai brulé tous mes jokers "gueule de bois au boulot" depuis belle lurette et une cuite est si vite arrivée...


Et c'est bien dommage parce que l'ambiance est toujours plus à la cool en semaine, on se retrouve entre alcoolos de bonne compagnie, sans qu'il y ait d'enjeu particulier. On se dit que le week-end est encore loin, on y va pépère, et c'est souvent les meilleures soirées.


Alors qu'en fins de semaines, on voit resurgir des cohortes de picoleurs occasionnels qui cassent un peu l'ambiance, quand la ville se transforme en gros supermarché du sexe qui se renifle le cul, ou alors en club de boxe à ciel ouvert ou encore en collège des coeurs brisés.





Sortir le week-end c'est moins rigolo. Mais le mardi, par exemple, c'est sympa, surtout quand y a Regal au Wunderbar (après un showcase à Total Heaven).


Regal est un groupe de Lyon, ses membres font partis de la nébuleuse garage/graphique Last Rapes/Le Pécheur/Arbitraire Editions/etc. Ils passent souvent par Bordeaux sous une appelation ou une autre, mais je me suis toujours démerdé pour les louper jusque-là, d'où mon entorse au réglement de l'apéro en semaine pour les voir, enfin.





J'arrive à la fin de Strasbourg en première partie (on aura l'occasion d'en reparler), y a déjà pas mal de monde dans le coin, ça circule entre le Wunderbar et le Boqueron qui programme ce soir-là Bananarchie, le nouveau groupe d'Olivier Bernet (Shunatao, Persepolis, Kiss Kiss Karaté Passion, etc.). Dommage que les deux concerts ne soient pas regroupés, comme il en était question à un moment.


Je choisi donc Regal car difficile de faire les deux. Mais collègues Arnaud d'Armagnac et Guillaume Gwardeath optent pour les tapas au Boqueron, puisque nous sortons désormais en bande pour les besoins de ce blog (quand l'actu est trop riche en événements, on tire généralement à la courte paille de nos mojito/dead again/Coca Cola pour savoir qui se collera à quoi).





La cave du Wunderbar se remplit assez vite, l'ambiance est plutôt bonne, ça discute, ça se règle, puis c'est parti pour 3/4 d'heure de garage psyché bien punk.


Regal en concert ça vaut le coup d'oeil. Nerveux et tendu comme il faut, les mecs sautillent au pas cadencé, créant une sorte de stroboscope naturel. Entre les morceaux ça déconne, ça bécote les copains qui arrivent au compte goutte, dire s'ils ont un capital sympathie bien établi. Regal fait aussi danser les filles, ultime gage de qualité.



Regal - Toi Toi from Les images agricoles on Vimeo.


Chopez leur premier Lp sorti chez Frantic City/Azbin Records, typiquement de la musique de jeunes punks qui ont bien digérés les trucs de vieux : garage 60's, folk, voire musique irlandaise. De belles guitares, quelques tubes à droite à gauche et une ambiance générale à la fraîche mélancolie qui devrait parler aux fans des Black Lips et autres Nerve City. Un très bel objet qui plus est, dessiné par l'excellent Antoine Marchalot qui est aussi le batteur du groupe.





Fin de concert, je me carapate en douce pour pas tomber dans un traquenard. Bon réflexe puisque la soirée se terminera dans un after bien connu du Cours de l'Yser avec à la clé un quadrillage de flics aux portes du lieu de débauche. Un forcené se serait trimbalé dans la rue en pleine nuit avec un fusil à pompe, assignant ainsi à résidence les valeureux fêtards jusqu'à pas d'heure.


Magie des sorties en semaine quand je vous dis...