C’est vrai que Bordeaux a l’image rock collée au perfecto et
il n’est pas rare de croiser des musicos au zinc. Magnetix, JFG, Mars Red Sky,
JC Satan sans même évoquer le collectif Iceberg. Quasiment aucun n’est
mainstream : le jugement du public local tolère assez peu la concession.
On peut toujours tortiller du fion sur l’authenticité du
terme ‘rock’ en 2012, Bordeaux a une scène intéressante. En orbite, tu trouves
aussi les dessinateurs, les programmateurs et les chroniqueurs. Plus qu’une
mafia hermétique, c’est une émulation qui se crée. Les dessinateurs
recommandent des disques aux musiciens, les chroniqueurs et les programmateurs
ont des discussions de médecins sur des étiquettes improbables (le meilleur
groupe de post spoken-word progressif) etc.
Ca fait de certains comptoirs la City de la culture
bordelaise. Quand t’as le musicien, le Phil Spector local, le mec du label, le
rédacteur et l’auditeur qui boivent une bière ensemble, ça fait passer les
réseaux internet pour un truc qui rame sévère.
L’autre jour, il y a ce mec qui me demande :
« Hey, toi qui bosses dans le truc, t’as des nouveautés
à me recommander ? »
« Wow dude. »
« Bon, qu’est-ce que t’as dans ton lecteur mp3 ? »
« Mec, mon lecteur fait semblant d’être le walkman de
mes 15 ans. Je viens d’y caser l’intégrale de WASP qui a remplacé poste pour
poste celle de Motörhead. »
Il y a le mythe du chroniqueur qui débusque toujours le
nouveau groupe avant tout le monde, mais crois moi, il y a un fossé entre les
disques qu’on reçoit et ceux qui figurent dans le panthéon de notre discothèque
bien conservatrice. Aucune chance que the XX prennent le fauteuil des Ramones.
Il y a parfois comme un décalage entre les gens qui aiment
la musique et ceux qui en parlent pour intégrer une famille culturelle. Les
« wannabe dénicheurs », purs fruits des tendances hebdomadaires du
NME et de Pitchfork, adorent un groupe pendant 12h et une vidéo sur leur wall
Facebook, puis le font passer au statut précoce de « has been/ so 2011 » dès
que quelqu’un dit « hey c’est cool ! ».
Bon ok, histoire d’amener de l’eau au moulin de mon pote
curieux, je vais filer quelques tuyaux bordelais. Pas sur quoi, mais sur où.
Nous parlons bien sûr de vinyles hein. (<Argumentation
flash ON> Pochette, son, rapport à l’objet qui en font le fier opposant au
mp3 jetable. <Argumentation flash OFF>)
Pas besoin d'en faire des tonnes sur TOTAL HEAVEN, tout le monde est d'accord. Impossible de ne pas le citer aussi. Le disquaire indépendant à
l’ancienne. Comme une résurgence de celle - fantasmée – qu’on peut trouver dans
le ‘High Fidelity’ de Nick Hornby. Nouveautés comme standards old school.
Débats au comptoir (« il est évident que Brian Wilson n’aurait jamais dû
sortir Smile » ... « Non non, désolé, ce n’est pas du stoner »)
et deux mecs qui te connaissent assez bien pour faire des recommandations
persos qui tombent toujours juste.
Le long du Palais des sports, il y a MICITA. Pas spécialisé
dans le disque mais on trouve souvent de très chouettes trucs. Parfois il n’y a
rien de spécial, mais je pense que l’aléatoire fait partie du plaisir des
archéologues de l’occase vinyle.
LE truc que j’ai
débusqué à MICITA // l’édition originale de 8-way santa, l’album de TAD si
cool dont la pochette avait été assez vite censurée. Un des meilleurs albums de
la période grunge aussi. Tout ça pour un prix inférieur à l’album de Wu Lyf
quand il sera dans le bac à soldes.
Entre les quais et la place Saint Pierre, il y a cette
brocante sortie d’un vieux film de Tim Burton, le DENICHEUR. Peu de disques
mais une sélection toujours bien vue, ce qui donne pas mal de fun à la
recherche.
LA perle que j’ai
dégotée au DENICHEUR // TRON raconté par Igor et Grishka Bogdanoff. How
uncool is that !? En 1982, on a du m’offrir Pierre et le Loup : cet
achat comble 29 ans de séparation inexplicable.
>> Arnaud
TRON par Igor et Grishka? C'est mieux que Rabelais lu par Galabru, ou Céline par Luchini
RépondreSupprimerbon d'accord t'as fait des trouvailles mais les bacs de vinyles , à porter c'est duraille et je deviens vieux.
RépondreSupprimerJe bénis donc mon tout petit disque dur que je suis pas prêt à jeter (j'en ai même de rechange) et qui doit contenir environ 8 tonnes de disques.
A part ça bordeaux semble rester bordeaux comme à la fin du siècle dernier les groupes grenouillent ça me rassure comme disait la mère de napoléon : pourvou que ça doure